Ce site a été créé dans le cadre d’une thèse d’exercice de médecine générale. Il se présente comme une trame d'entretien, utilisable en consultation de médecine générale, pour dépister le harcèlement scolaire et le cyber harcèlement à l'aide de questionnaires validés. Il propose ensuite une prise en charge adaptée en fonction des réponses précédentes, avec des fiches d'informations à destination du patient, téléchargeables. Le cadre proposé est celui d'un dépistage annuel à réaliser en systématique, chez tous les enfants et adolescents en âge scolaire. Le questionnaire de dépistage permet d’avoir une orientation rapide à propos du harcèlement scolaire et du cyber-harcèlement et proposera une prise en charge en fonction des réponses du patient. Il est possible d’accéder directement à la prise en charge du harcèlement scolaire ou du cyber-harcèlement sans passer par le questionnaire. Des fiches d’informations à destination des patients et de leurs parents y sont téléchargeables, afin qu’ils repartent avec toutes les pistes d’actions.

Définition du harcèlement scolaire :

L’UNICEF le définit comme « une violence scolaire répétée, avec une intention de nuire et où la victime se trouve dans l’incapacité de se défendre ». Cette définition s’appuie sur les 3 critères énoncés par D. Olweus dans les années 1970, qui sont : - La répétition et la durée dans le temps : le harcèlement se fonde sur des actions négatives reproduites de façon répétée (pas forcément quotidienne), sur une longue durée. Cette période semble difficile à déterminer car tous les auteurs ne s’accordent pas à ce sujet. Selon J.P. Bellon et B. Gardette, on ne peut guère parler de harcèlement scolaire avant un à 2 mois. Cette durée de deux mois est aussi prise comme référence dans les études HSBC (Health Behaviour in School-aged Children) qui se base sur la fréquence de deux brimades par mois sur les deux derniers mois pour parler de harcèlement. Cependant cette durée est variable, et une année scolaire est une durée fréquemment rapportée. - Un déséquilibre des forces et l’incapacité pour la victime de se défendre : le harcèlement ou bullying en anglais, est un rapport de domination. Il s’installe de façon insistante dans une relation asymétrique, qui met en scène une prise de pouvoir d’un enfant sur l’autre. Cette domination peut prendre différentes formes. Par exemple, elle peut être soit celle des plus nombreux ou populaires contre ceux qui sont isolés, soit celle des plus forts physiquement ou verbalement contre les plus faibles ou bien encore des plus âgés contre les plus jeunes. - L’intentionnalité de nuire : les agresseurs agissent avec une volonté délibérée de nuire. Cette notion est souvent citée dans les définitions mais elle ne fait pas l’unanimité des auteurs. Dans un contexte de harcèlement l’enfant peut subir des nombreuses formes des violences physiques et psychiques de manière répétée : des propos désobligeants, blessants, menaçants, des moqueries, des insultes, des surnoms méchants, de fausses rumeurs ou mensonges dénigrants colportés à son encontre, être ignoré, mis à l’écart ou exclu complètement, être poussé, bousculé, enfermé, frappé, étranglé et tout autre agissement blessant de ce type. On parle de harcèlement scolaire quand ces situations surviennent fréquemment et qu’il est difficile pour l’élève qui subit cela de se défendre par lui-même.

Contexte

L’ampleur du harcèlement scolaire en France a été mis en lumière en 2011 par une enquête de victimation menée par l’Observatoire International de la Violence à l’école. Cette enquête montre qu’environ 11% des élèves en école primaire subissent un harcèlement scolaire entre pairs dont 6% sont considérés comme victimes d’un harcèlement sévère. Une autre enquête menée auprès des collégiens en 2011, par le Ministère de l’Education Nationale retrouve des proportions similaires, ces chiffres ont ensuite été confirmés en 2013. Au lycée, cette même enquête menée en 2015 indique que 5,5% des lycéens subissent un harcèlement scolaire entre pairs. Il s’agit d’un véritable problème de santé publique.

Le harcèlement scolaire a de multiples conséquences susceptibles d'altérer durablement la vie de l’enfant ou de l’adolescent qui en est victime. Une victime de harcèlement qui ne bénéficie pas du soutien des adultes, présente quatre fois plus de risques d'attenter à sa vie qu'un autre jeune. Il est important de comprendre que l’intensité des conséquences au niveau psychologique n’est pas corrélée à la gravité matérielle ou pénale des faits. Certains cas jugés comme anodins peuvent avoir des conséquences majeures dans le devenir de ces jeunes. Le harcèlement subi par l’élève est en général caché par celui-ci, par sentiment de honte, par souhait de protéger ses parents, ou encore si l’enfant a préalablement expérimenté l’absence de protection de leur part. Sur le plan social, les dégâts sont considérables. Les élèves harcelés moralement se construisent une telle image dévalorisée d’eux-mêmes que tout investissement extérieur peut leur paraître impossible. Cela conduit à la construction d’un rapport à l’autre insécure. S’il n’est pas pris en compte au moment où il se produit, le harcèlement scolaire peut agir comme un véritable poison et déstructurer psychiquement de manière durable les victimes, même si elles ne sont plus en contact direct avec les auteurs. A l'âge adulte, si elles n’ont pas rencontré de personne-ressource pour comprendre ce qu’elles ont vécu, les victimes peuvent avoir intégré un vécu persécutif des autres jusqu’à entrainer l’inhibition complète dans les relations sociales.

C’est pour cela qu’il est indispensable que la victime trouve une oreille attentive et un soutien dans une situation de harcèlement. Dans le cadre du suivi global de la santé de l’enfant et de l’adolescent, le médecin généraliste est le premier interlocuteur. Son rôle est donc fondamental dans la prise en charge des violences. Il doit savoir écouter pour repérer, protéger et prévenir.

Plusieurs thèses récentes, ont montré que les médecins généralistes étaient insuffisamment formés au dépistage et à la prise en charge du harcèlement scolaire. C’est un processus qui nécessite du temps pas toujours disponible en consultation. Ils ne sont pas toujours convaincus de faire partie des intervenants ayant un rôle dans la gestion d’une victime de harcèlement. De plus, ils ne sont pas nécessairement identifiés spontanément comme “personne-ressource” par l’élève victime. Une thèse soutenue en 2019 montre que seulement 10% des jeunes abordent d’eux même ce problème avec leur médecin, mais que plus de 90% d’entre eux pensent qu’il est important que le médecin généraliste soit capable de reconnaître et d’aider une victime de harcèlement scolaire.

Il semble donc important que les médecins généralistes s’impliquent plus dans le dépistage et la prise en charge du harcèlement scolaire.

Ce site a pour vocation d’être un outil utilisable au quotidien en consultation pour accompagner dans la gestion de cette problématique de santé publique.

Nous espérons que ce site vous permettra d’aider au mieux vos patients et de faciliter le dépistage et la prise en charge de ces situations délicates. Vous pouvez me contacter directement si vous avez des questions (declicharcelement@gmail.com).

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